Franca Ravet

‘Partage d’équité
Pour certaines personnes, la peinture est un acte citoyen. Replacer l’individu au cœur de la société, en faire l’élément structurant de notre monde, n’est pas une chose aisée. Il faut pour cela repartir du début.
Atteindre cet inconscient collectif vierge de toute culture. Être dans cet état créatif qui favorise le geste spontané et traduira l’essentiel même de notre être.

Extrème limite 2005
Sans projet préalable, une femme prépare la toile et tente d’organiser les émotions qui la guident dans les méandres de la création. Un tableau peut se décliner en une mosaïque d’instants ou recouvrir un seul canevas. Les couleurs se marient ou s’opposent, les visages alternent avec des plages nues, des signes graphiques se juxtaposent aux collages de papier ou de tissu. Sous des aspects lisses et organisés, car présentées dans un cadre rigide, les oeuvres vivent et évoluent en créant un univers en constante évolution. Il existe un rythme, une dynamique qui emmènent le spectateur dans une recherche de respect des différences, des divergences.
La toile devient le support d’une proposition de l’artiste qui, sous couvert d’une série noire, nous plonge dans un univers intrigant. Le mélange de tension et d’énergie crée un climat qui oscille entre le désir de croire en l’humanité et la conscience de sa capacité à créer l’innommable.
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LES TROTTOIRS DE BELGRANO, 2005

LA POUPÉE MÉCANIQUE, 2005
Franca Ravet nous guide dans cette expérience primaire. À travers une figuration libre et sincère, elle cherche inlassablement les codes communs ancrés en chacun de nous. De sorte que, lorsque notre regard croise une de ses toiles, nous reconnaissons une part de nous-mêmes.
Les visages, les figures et les formes qui apparaissent sur le support sont des signaux qui accompagnent la lecture du tableau.
Mots, morceaux de phrases, lisibles ou non, informent le spectateur sur la recherche en cours. Dès cet instant naît un sentiment d’ap-partenance, d’adhésion au message véhiculé par la toile. Nous ne sommes pas seuls dans un face-à-face stérile, mais nous pouvons dialoguer avec un semblable à découvrir.
Les références multiculturelles et multiraciales nous ouvrent des horizons infinis. Ces préoccupations sont d’actualité mais, pour cette artiste, elles l’ont toujours été. Aborder l’autre, c’est aussi mettre l’accent sur les relations que nous tissons avec le monde qui nous entoure.
Que faisons-nous pour nos proches ? Qu’ils soient de notre famille. de nos amis, ou un voisin que l’on rencontre quelquefois trop tard ?
Les difficultés quotidiennes sont souvent, et malheureusement, source de solitude et d’égocentrisme. L’excès de communication, d’échanges et de partage d’informations nous fait perdre le sens de la tribu; groupe où chacun sait pertinemment où est sa place et la tache qui lui incombe pour sauvegarder l’équilibre et l’harmonie.
L’anthropologie trouve ici une place qui peut guider l’amateur vers une réflexion d’ordre plus personnel. Car il ne faut pas oublier que l’artiste, en sa qualité de témoin partial, est un relais indispensable dans la reconnaissance de nos actes. Tel un miroir, il nous renvoie ce que nous voudrions enfouir et célèbre nos joies et peines.
Les œuvres présentées ici ne sont pas pensées à l’avance. Elles aussi subissent les aléas de la vie, de la création. Le hasard, l’impré vu n’est-il pas une des composantes de notre histoire ? Jour après jour, nous essayons d’accepter et d’intégrer les petits et grands séismes du quotidien. Recomposer le monde, se reconstruire à chaque fois pour qu’un ordre règne et que le chaos ne submerge pas tout Tendre vers une position confortable qui nous permette d’apprécier ce qui nous entoure.
Les données énoncées par Franca Ravet imposent une flexibilité des réponses éphémères. La mouvance des événements incite à la prudence.
En dépit de cela, l’optimisme qu’elle dégage et la confiance qu’elle défend nous donnent envie de croire à une fin heureuse, à défaut de lendemains qui chantent.
Kunty Moureau
À l’occasion de l’exposition « One woman show »,
Franca Ravet ouvre son atelier à nos abonnés pour une visite exclusive et la Galerie Libre Cours offre un brunch
Si vous êtes abonné, n’oubliez pas de réserver vos places !
One woman show
Du 16 février au 18 mars 2006, Galerie Libre Cours, Rue de Stassart 100 – Bruxelles
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